« Vous dire que ma vie est intéressante serait un mensonge. Je suis née dans une petite ville où j’y ai passé toute mon enfance, j’ai eu des peines, j’ai eu des joies. Je suis le commun des mortels, ma vie est loin d’être une histoire riche. J’ai été un enfant solitaire, je le suis toujours d’ailleurs. J’ai vécu mon premier baiser à 15 ans, lors de ma première histoire d’amour. A cet âge, j’étais comme toutes ces jeunes filles qui se nourrissaient d’histoire d’amour à grosses poignées. Il était l’homme de ma vie, il était parfait, nous étions parfaits, le monde était beau. Vous savez l’histoire bateau qu’on nous pond dans toutes les grandes productions hollywoodiennes, dans tous les contes de fées. Sauf que dans la réalité, c’est loin d’être semblable. On lui tend des perches pour lui soutirer un mot doux, il se contente de sourire bêtement en continuant à regarder la télévision. On lui fait une crise de jalousie, en espérant la grande réplique du : « Il n’y a que toi que je regarde, il n’y a que toi que je t’aime », Monsieur ne trouve qu’à s’excuser. Pourtant la réplique est loin d’être la plus compliquée. Je lui en veux pas de pas avoir été amoureux de moi, on ne tombe pas amoureux comme ça, je sais, mais il aurait au moins pu faire semblant, et j’aurais fait semblant à mon tour de le croire. Bon, il est vrai qu’à cette époque, je m’emportais facilement dans de multiples espoirs, les hormones, peut-être. Cette relation aura duré 2 mois, jusqu’à ce que mon prince charmant me jette à la gueule l’ultime excuse du « C’est pas toi c’est moi ». Je me suis contentée de sourire en lui disant que ce n’est pas grave, histoire d’avoir une rupture en bons thermes et ne pas ressembler à ma voisine qui envoie encore des menaces  à son ex. Mais au fond de moi, ça brûlait. C’était la seule fois de ma vie que je n’avais pas dit ce que je voulais dire, que je n’avais pas dégueulé sur lui tout ce qui restait au fond de ma gorge. Je n’étais peut-être pas amoureuse, mais je tenais à lui, même si notre amour n’était pas idyllique, je me sentais bien, mais j’étais trop conne pour le voir. Je me plaignais, je voulais mieux. Mais je me rendais pas compte que ce que j’avais, c’était déjà pas mal.  Aujourd’hui, je ne regrette pas pour autant, mais j’avais compris que la solitude était bien mieux. J’étais peut-être née en le sachant. Et aujourd’hui je me méfie encore, j’évite de partager ce que j’ai sur le cœur, de peur que les gens en fassent une arme, j’évite d’ouvrir mon cœur, de peur qu’on le prenne et qu’on me l’arrache. Bon c’est pas tout mais ma vie ne se résume pas qu’à un échec sentimental d’adolescente, et encore heureux pour moi. Bon, après dès le début du collège, je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour le scolaire, et ainsi, j’ai deviné que la routine du travail, c’était pas non plus pour moi. Mais bon, je suis dans une société ou pour vivre il faut passer par cette étape, alors je me plie aux règles et j’avance sans geindre… De toute façon il le fallait bien pour que je finisse mes études. J’ai choisi une voie qui me plait : l’art. Mais puisqu’il fallait se spécialiser, je me suis tournée vers le cinéma. Pourquoi ? Parce que je veux faire des films qui vont peindre la  réalité crue, qui vont arrêter de nous faire rentrer dans l’arène tête baissée, sans prendre soin de regarder les dangers que nous réserve ce monde. Tant pis si c’est pas tout beau, si ça finit pas bien, tant que c’est vrai. Je m’appelle Caitlin Johnson, j’ai 21 ans et une vie banale. »